Le dolmen de la Plagne

Découverte

Le monument a été découvert fortuitement par Luc-Bernard WAHL dans le courant de l’hiver 1992-1993. Dissimulé par la végétation et en grand partie oblitéré par un clapier qui surcharge le tumulus, il n’était pas inconnu de la population locale, notamment de l’actuel propriétaire qui nous a mentionné son usage jadis comme « silo » à pommes de terres. Malgré sa situation en bordure de pièces agricoles toujours cultivées, et son accès aisé, ce petit ensemble mégalithique n’avait, à notre connaissance, jamais été identifié comme tel, ce qui peut s’expliquer par la rareté des dolmens en milieu montagnard à la différence par exemple des Causses où les populations sont mieux familiarisées avec ce type de sépulture.

Devant l’intérêt d’une telle découverte (le monument protégé par sa masse tumulaire est bien conservé), il a été décidé de procéder à une reconnaissance ayant comme objectif d’effectuer le relevé topographique du tertre en l’état, de dresser le plan du mégalithe et de vérifier si la chambre recelait un quelconque remplissage archéologique ce qui aurait nécessité d’immédiates mesures de protection. Quelques jours en octobre 1993, réunissant les co-signataires de la présente note, ont été consacrés à cette intervention préliminaire.

Environnement

Le monument est situé sur le plateau de Génat au lieu-dit Plagne. Le village de Génat, implanté en bordure de plateau, à flanc de montagne, fait face à la grotte de Niaux, dominant de près de 400 m la rive gauche du Vicdessos peu avant sa confluence avec l’Ariège dans le bassin de Tarascon. Le dolmen est à 889 m d’altitude ce qui en fait l’un des mégalithe les plus hauts des Pyrénées centrales (coordonnées Lambert : x = 538,52, y = 59,96).

Les terrains qui compose cette plagne appartient à des formations calcaires (Urgo-Aptien), assise sédimentaire qui est ponctuellement oblitérée par des épandages morainiques composés de granites, gneiss … créant par endroits de véritables chaos naturels. Il est tentant d’établir un rapprochement entre cet environnement minéral assez particulier et la population spécialisée dans l’architecture mégalithique qui a dû fréquenté l’Ariège durant le Sub-boréal. Par ailleurs le plateau où est implanté le monument, de superficie non négligeable et dont on perçoit difficilement l’ampleur depuis la vallée, est intéressant car il peut correspondre à la notion de « terroir », pouvant ainsi répondre aux besoins économiques des sociétés agro-pastorales du Ve millénaire avant le présent.

Le monument

Il est de plan simple avec une chambre délimitant un espace de plan rectangulaire occupant une superficie d’environ 2 m2. Cinq dalles composent le monument central, toutes empruntées à l’environnement proche : granite pour la table, le montant droit et la dalle de chevet ; microgranite ( ?) pour le montant gauche. L’orientation de l’axe principal de la chambre est N.O-S.E (333 gr.).

Autant que l’on peut en juger actuellement avant une fouille éventuelle du tumulus, leurs contours et leurs dimensions sont respectivement les suivants :

- montant gauche : contour pentagonal allongé aux angles arrondis : 2,50

  x 1,40 x 0,25 ;

- montant droit : contour losangique : 2,10 x 1,40 x  0,25 ;

- table : plan régulier de contour hexagonal : 2,50 x 2,20 x 0,45. Au droit

  de l’entrée, la table est anciennement fragmentée et un bloc de 0,85 x

  0,55 m, situé dans le secteur de l’accès à la chambre, épouse

  parfaitement le négatif laissé par la cassure : une restauration sera à

  envisager ;

- dalle de fond : contour subtriangulaire (1,20 x 0,90 x 0,15 m). Elle était

  en partie couchée dans la chambre et a été replacée dans une position

  plus proche de son emplacement d’origine.

Un bloc imposant affleure à l’entrée de la chambre qui pourrait correspondre à un élément de fermeture.

Le tumulus, de plan grossièrement circulaire mesure 10 m de diamètre pour une plus grande hauteur de 1,90 m.

Un relevé au 1/50^e et l'observation du tertre en l’état indiquent sans aucun doute possible la présence d’un parement grossier amorçant une première couronne extérieure, composé d’une seule assise de blocs massifs, mesurant jusqu’à 0,40 m. Il est prématuré de décrire plus précisément le reste du monument , le sommet du tertre étant actuellement masqué par des épierrements apparemment récents.

Mobilier

Le remplissage de la chambre, composé d’un sédiment humifère, de couleur brun noir a livré au tamisage une centaine de dents humaines, deux perles circulaires en calcite (diam. 7 mm), une série de phalanges, des fragments de côtes, de diaphyses, quelque menus tessons de céramiques et des éléments de faune probablement intrusive. La composition pétrographique ds éléments de construction ne semble guère compatible avec une bonne conservation des vestiges (acidité).

Conclusion

Le potentiel archéologique d’un tel monument, bien que limité à la mauvaise conservation et surtout aux remaniements divers (vidanges historiques…) qu’ont subi son remplissage n’est cependant pas négligeable. Deux axes de recherche sont envisageables :

- l’analyse approfondie de son architecture serait intéressante pour l’histoire du mégalithisme pyrénéen, hétérogène, mal connu, assez marginal si l’on excepte le groupe basque et qui demeure situé jusqu’à preuve du contraire en périphérie d’ensembles voisins nettement mieux documentés (Catalogne, Languedoc, Causses).

- Compte tenus des éléments indiqués supra, une prospection thématique et systématique du « terroir » ( ?) supposé serait à ce titre particulièrement opportune.

Un dossier de proposition de classement au titre des M.H. est en cours de constitution et devrait être soumis à une prochaine CO.RE.P.H.A.E.

Luc WAHL, François ROUZAUD, Yanik LE GULLOU, Jacques JAUBERT et Jean-Pierre GIRAUD

Source : Bilan scientifique établi par la direction régionale des affaires culturelles Midi-Pyrénées en 1993. (AD09 – 1 PER 475 /1993). Crédit photo : Robert-Félix Vicente

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·                                                                                                                                                                                                                                                                                    Date de versement : 1996/12/18

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·                                                                                                                                                                                                                                                                                    Divers : propriété d'une personne privée © Monuments historiques, 1995

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précisions : Parcelle A 713 : inscription par arrêté du 17 juillet 1995