Après notre parcours RAID ci-dessous le descriptif sportif et historique de notre dernière GRANDE sortie, ainsi que trace et le diaporama (photos de Beber09).
7h00, au carrefour de plusieurs vallées, la vieille cité des Taruskes lovée autour de son verrou glaciaire semble encore endormie. Véritable porte des montagnes, Tarascon capitale du Haut Sabarthès nous accueille pour ce raid à vélo.
Sur cette place, qui porte le nom de la célèbre famille Garrigou, entourée de ses anciens couverts, de ses deux églises dominées par la tour ronde du Castella, nous sommes 4 Vttayres à prendre le départ pour une longue sortie de vtt au cœur de l’histoire des Hommes.
Notre parcours va nous conduire sur les traces du cheminement du mythique trésor de l’église cathare au milieu des terrasses de culture, au pied des falaises calcaires, dans des gorges profondes, de plateau en vallées ou en balcon sur la corniche. Cet itinéraire, parfois exigeant, va nous faire évoluer dans des paysages magnifiques et toujours changeant, caractéristiques des richesses cachées de la Haute Ariège.
7h30, il est l'heure de partir, et nous n’avons pas assez le temps d’évoquer la riche histoire médiévale de Tarascon ainsi que son passé préhistorique. En direction de la Haute Ariège, nous contournons la grande tour carré de l’église Saint-Michel (maintenant disparue) et laissons derrière nous la porte fortifiée dite du Mazel Vieil ou d’Espagne. La petite route en balcon au-dessus de la rivière nous fait découvrir les faubourgs sur la rive gauche.
La météo reste stable malgré les nuages qui accrochent sur le Cap de la Lesse tout proche. Cette montagne au carrefour des vallées de l’Ariège et du Vicdessos qui recèle en son cœur un vaste réseau de galeries souterraines (grottes de Niaux, de Sabart et de Lombrives).
La route nous conduit sans difficulté à Ussat-les-Bains et son grand parc thermal (480m). Les anciens thermes de Fraxines font face aux ruines des thermes Sainte-Suzanne sur la rive gauche. L’on aperçoit aussi plus haut l’entrée de la vaste grotte de Lombrives qui comporte de nombreuses légendes dont celle d’avoir accueilli en sons sein le trésor de Montségur. Une vallée perpendiculaire s’ouvre sur notre gauche pour nous faire découvrir le petit village d’Ornolac (rattaché à celui d’ussat les Bains). Nous abandonnons la piste herbeuse afin de remonter vers le barry d’en Bas d’Ornolac. Nous distinguons l’entrée de plusieurs grottes dont la plus connue sous le vocable spoulga de l’Horte.
Toujours rive droite de l’Ariège nous poursuivons notre périple vers le majestueux Quié de Sinsat. Rive droite se dessine les contours de la vaste enceinte des Spoulgas de Bouan, véritable château troglodyte qui surveille l’ensemble de la vallée. Après quelques passages en surplomb rocheux sur la rivière nous parvenons sous les parois impressionnantes du Quié calcaire qui accueille de nombreuses voies d’escalades. Au pont de Sinsat nous empruntons la petite route sur 2k500 jusqu’à Verdun. Au passage sur notre gauche en hauteur se découvre la spoulga de Verdun qui aurait peut-être accueilli le mythique trésor de l’église cathare. Ce parcours bucolique nous conduit sous les ombrages de la place de la belle église romane de Verdun au pied du massif calcaire du rocher de la Mirouge et du ruisseau des Moulines.
Eglise Saint-Blaise
Construite au Xième siècle, cette église présente un plan basilical à trois absides ouvertes sur trois nefs voûtées. Le chevet rappelle fortement le décor « lombard » qui compose le premier art roman méridional, acheminé jusqu’en Catalogne au Xième siècle par les maçons italiens. En 1875, alors que les eaux faisaient 71 victimes et détruisaient le village, seule l’église résista. Malgré différent travaux, elle reste un merveilleux témoignage de l’art roman
Nous quittons Verdun par le chemin d’Enflourens qui surplombe les dernières habitations du quartier des vignes. Le chemin se transforme en une large piste. Nous nous dirigeons vers le promontoire rocheux où subsistent quelques ruines dites du Pech Saint-Pierre. Celles-ci se trouvent au dessus du village d’Albiès à 842 m et dominent la vallée de l’Ariège.
Pech Saint-Pierre
.Ce lieu connut en fait son apogée au Moyen Âge. En effet, à cette époque se trouvait ici le village de Pech-Saint-Pierre, construit autour de son église paroissiale, patronnée par l’abbaye de Lagrasse jusqu’au XIVème siècle. Mais l’année 1358 marque la dernière trace écrite prouvant la présence de l’église et donc du village. Suite à l’abandon du village par ses habitants qui préférèrent s’installer au pied de la montagne à l’endroit de l’actuel village d’Albiès, le lieu servit encore quelque temps de refuge aux ermites.
Au croisement de Fourmentax nous laissons le sentier qui monte et court à flanc de versant vers le col Darques (732m). L’on découvre en partie basse l’ancien chemin minier ouvert récemment par les habitants de Verdun et d’Albiès. La piste herbeuse laisse place au bitume au niveau du cimetière d’Albiès. La météo clémente jusqu’alors s’annonce de nouveau orageuse et il faut se couvrir contre la pluie. A droite de l’église nous descendons vers la rive droite de l’Ariège. Avant le pont, la piste qui longe la rivière nous conduit après le passage à niveau au village de Vèbre. Par la D420 nous arrivons à Urs (610m). La pluie vient de cesser et par une troué nuageuse apparaît un coin de ciel bleu. Notre parcours passe entre les ruines de l’ancienne forge et le château.
Château d’Urs
Situées sur un double promontoire nommé « castel Bieil » face au Quié d’Urs, les ruines du château d’Urs ont une forme particulière. Le premier rocher, le plus proche de l’église, a une forme ronde et est légèrement moins élevé que le second, duquel il est séparé par une échancrure. Il est entouré d’une vaste enceinte qui mesure 80 cm d’épaisseur et suit parfaitement la topographie de la falaise. Dans cette partie de l’enceinte, du côté opposé au village, se trouve une belle porte gothique qui laisse supposer que le bâtiment castral en ruine correspond plutôt à une fortification plus récente que celles construites au XI et XII ème siècle.
La rue se transforme rapidement en piste herbeuse. A l’intersection, nous laissons le chemin qui remonte à gauche du ruisseau du Gérul vers Axiat et prenons le sentier à droite qui file vers une ancienne carrière sous l’ancien château de Lordat. La piste glisse doucement jusqu'à Garanou. Les habitants de ce petit village rivalisent tous au plus beau embellissement floral. Les soleil fait sa véritable apparition et éclaire le beau lavoir qui se trouve sur notre passage. Cette portion bitume au dessus du village est entrecoupée par l’ancien chemin qui mène à Vernaux. Nous décidons de quitter la route et de poursuivre sur le chemin malgré quelques rampes sévères. Apparaît la belle église de vernaux située à mi-chemin entre Garanou et Vernaux.
L’église de Vernaux
L’église Sainte-Marthe date de la fin du XIème siècle. Elle est construite en tuf, pierre fréquemment utilisée dans l’élévation d’édifices religieux et civils. Son plan présente une nef à vaisseau unique ouverte sur une abside et deux absidioles disposées perpendiculairement qui donnent au chevet une forme tréflée. Classée monument historique en 1910, la toiture a été abaissée en 1966 afin de lui rendre son allure d’origine.
Nous traversons le village de Vernaux sous un beau soleil en direction de Lordat et son puissant château qui surveille la vallée de l’Ariège. Puis dans un coude de la route se découvre le chemin de St-Hérac sur la soulane de Luzenac. Ce superbe sentier qui, à flanc de montagne longe des champs en terrasse et passe sous le câble transporteur de l’usine de talc de Luzenac, bien visible en contrebas. Bientôt apparaît à la vue le clocher caractéristique de l’église romane d’Unac. Sans difficulté le chemin débouche sur la route qui conduit à l’entrée sud d’Unac. Nous prenons 200 m à droite puis de suite à gauche en direction du petit pont qui enjambe le ruisseau de Caussou.
L’église d’Unac
Second ouvrage fortifié du Lordadais (après le château de Lordat), l’église d’Unac fut élevée à la fin du XI ème siècle. Bâtiment à la fois ecclésial et fortifié, elle dépendait de l’abbaye de Saint-Volusien de Foix et en montrait sa puissance. De l’édifice primitif subsistent une partie de la nef et surtout le très beau clocher , à baies géminées, apparenté aux clocher andorrans. Le plus remarquable de l’église d’unac reste sa décoration sculptée. Les trois fenêtres de l’abside sont entourées de billettes, dents-de-scie, rosaces et étoiles alors que leurs chapiteaux s’ornent de motifs végétaux, le tout exécuté en marbre. Ces sculptures placent l’église d’unac au meilleur niveau de l’art roman .méridional.
Après avoir traversé le pont nous suivrons la piste à droite qui monte doucement en quelques lacets à une intersection. Là le chemin de gauche s’impose à nous. Ce petit chemin à l’ombre des bois de hêtres part à flanc de versant. Il file tout d’abord vers le ruisseau de Maleich que l’on passe à gué, puis, après un petit col marqué par un croix en fer forgé, se rapprochant du lit du ruisseau de Caussou, serpente jusqu’au hameau de Savenac.
Il fait grand beau mais nous constatons que la météo reste instable car le taux d’humidité est fort important. Il reste aussi de nombreuses traces de l’orage ravageur de la veille. En effet d’important amas de grêlons se trouvent sur notre passage et puis la végétation à énormément souffert.
Après une halte à la belle fontaine afin de refaire le plein en eau bien fraîche, l’on reprend la route jusqu’au village de Caussou (870 m).
Au départ du village de Caussou, la longue ascension au col de Marmare (1361 m) va nous faire remonter dans le temps, à l’époque où ce passage permettait une liaison relativement sûre entre les terres languedociennes et la haute vallée de l’Ariège.
Nous voilà au départ de la longue portion de poussage de notre périple. Le chemin du col de Marmare d’abord raide s’adoucit vers la fin de l’ascension sur un sentier bien large. Arrivé au col nous profitons de faire une halte casse-croûte avant d’entamer la bascule dans l’enclave du Pays de Sault , le Pays d’Aillou (du nom d’une riche famille seigneuriale). Le village de Montaillou et les ruines de son célèbre château que l’on aperçoit au loin, possède une histoire tourmentée. En effet entièrement cathare au début du XIVème siècle, cette communauté hérétique est parfaitement connue grâce aux interrogatoires des inquisiteurs Geoffroy d’Ablis et jacques fournier, qui nous en donnent une description criante de vie (« Montaillou, village occitan » d’Emmanuel Leroy-ladurie).
Col de Marmare
Mentionné en 1272 comme limite du Comté de Foix, le col de Marmare fut très tôt une voie de communication privilégiée pour le commerce entre les hautes vallées de l’Ariège et de l’Aude (par le plateau de Sault). En effet, par sa relative faible altitude en comparaison des cols voisins (Pailhères est à plus de 2000 m, celui de la Peyre à 1714 m et celui du Pradel à 1673 m), il permettait un passage durant une période plus longue dans l’année. Outre les marchands, il vit passer des voyageurs plus discrets ; cathares fuyant l’inquisition, brigands voulant échapper à la police , voleurs de bois au service des très puissants maîtres de forges. Aujourd’hui il partage son prestige avec le col du Chioula, servant toujours de liaison rapide avec le canton de Les Cabannes.
Au col nous prenons à gauche sur 200 m sur la D613 en direction de Prades et Montaillou. Puis de suite à droite la piste qui descend à l’orée de la hêtraie. A une intersection nous prendrons la piste de gauche qui file rapidement vers le village de Prades (d’Ariège). Le village de Prades occupe une position privilégiée au pied du massif de Scaramus. Exilé sur la partie supérieure du plateau de Sault (1200 m), en majorité audois, ses forêts cachent les ultimes témoignages de la main-mise royale sur les forêts pyrénéennes au XVII ème siécle.
Nous continuons sur le chemin transfrontalier des Bonshommes. De Montsègur à Berga en Catalogne, ce chemin de Grande randonnée (GR 107) retrace l’itinéraire des derniers cathares en exil. Fuyant l’inquisition, la prison, la spoliation , voire la mort, ces Bonshommes utilisaient cet itinéraire pour aller trouver refuge en catalogne.
Nous approchons de la commune audoise de Comus (1166 m). Au pied du village le seul chemin indiqué à notre périple est celui de la route forestière vers les Gorges de la Frau (ou l’Affrau). Sur notre chemin nous découvrons après le carrefour avec le chemin de l’Oulza un grand bloc de pierre surmonté d’une croix. Après 2km900 la piste se courbe vers le basqui et la carrière de talc. A partir de là sur 2km700 l’Hers à creusé dans la montagne un véritable canyon de 300 à 400 mètres de hauteur.
Nous nous préparons à la descente dans le défilé des gorges sur un sentier caillouteux et certainement piègeux à souhait surtout que la dernière averse à laissé une fine pellicule humide sur chaque pierre. Attention aussi aux randonneurs qui sont légion par beau temps. Aujourd’hui la météo incertaine fera qu’il seront que cinq à braver les gorges et à venir à notre rencontre.
Les Gorges de la Frau ont été le sujet de discussion sur le passage d’une route vers les Pyrénées orientales ; elles constituent en effet une liaison naturelle entre Comus dans l’Aude et Fougax et Barrineuf en Ariège. La falaise en berge gauche est la limite Est d’une réserve naturelle volontaire protégeant le massif de la Frau et dont l’unique propriétaire en a réglementé l’accès.
La partie haute des gorges constitue également la limite de l’ancienne forêt royale de Prades, aujourd’hui domaniale, qui s’étendait de Comus au Pic Fourcat.
A la sortie des gorges nous continuons sur environ 1km700 sur la route jusqu’à l’aire de pique-nique du hameau de Pélail. Le balisage vtt qui doit nous conduire à Montségur (4km) est propre et tout indique que l’ascension sera parfaite. Mais c’est sans compter sur l’orage qui menaçant depuis l’entrée dans les gorges éclate soudainement lorsque nous nous trouvons dans les sous-bois. Cette fois-ci il nous a bien rattrapé et le vêtement de pluie s’impose. Le chemin devient un torrent de boue, le sous-bois s’obscurci, il fait nuit à 14h00 de l’après-midi, et la progression même à pied est des plus délicate. Cette dernière ascension de la journée va laisser des traces … et même des crevaisons. Enfin, l’orage s’éloigne au Sud-Est vers Bélesta. Un léger replat force notre envie de basculer sur la vallée du Lasset, mais faux espoir il faudra encore attendre quelques pujades boueuses avant d’atteindre le sommet (1060 m) qui va libérer toutes les énergies vers une descente sans histoire. Il faudra noter que la montée de Pélail est à faire surtout en descente ... même par beau temps !
Dans une trouée l’altière citadelle de Montségur apparaît, et tel un phare dans ce milieu d’après-midi nous indique le chemin à prendre. Nous croisons la route qui va vers Fougax et entrons dans le village de Montségur.
Là notre équipe logistique (nos charmantes épouses) nous attend patiemment depuis 45 minutes. L’on se décrotte comme on peu et une petite collation (mousse et repas salé) s’impose avant de regagner la Haute-Ariège.
L’histoire de l’Ariège et du Pays d’Olmes est indissociable du catharisme, et les lieux ou villages de toute la contrée traversée par ce périple sont liés entre eux par le fil conducteur de l’histoires des Hommes et des « bonshommes ».